observer à proximité, à travers le blanc de meudon

Jury de Master C.A.R.E. — Romane Beau

17 juin 2022

 

Une proposition de Romane Beau avec la participation de Jean-Baptiste Brueder, Laura Dauchet, Axelle Devaux, Lucie Herlemont et Romain Landi

En apprenant l’art, on apprend à regarder. J’ai appris à regarder autre chose que l’art, ou du moins, j’ai appris à regarder tout comme si c’était de l’art. Observation, compréhension, critique, remise en question, changement de regard. Lors de déambulation dans la ville, j’observais assidûment les trajets que j’empruntais, à cela se mélangeait la fatigue oculaire. L’œil, fatigué, ne s’accommode plus et puis, il y a la sensation d’un environnement un peu hostile : regard insistant, sifflement, accostage. Et là, c’est tout le corps qui se contracte et malgré la tension dans la nuque, je regardais derrière moi de manière intempestive. En arpentant les rues, les soirées, les maisons, les associations, les écoles, les expositions, les vidéos, les feed, les sons, les livres et tout ce qui est à ma portée, j’ai commencé à faire attention à ce qui n’était pas au premier plan. Dans cette observation du périphérique, je n’arrivais plus à voir ce qui était évident : je l’annulais. J’avais cette sensation que l’on retrouve dans Matrix, lorsque Ben choisit la pilule qui lui permet une forme de clairvoyance et où le retour en arrière est impossible, un genre d’épiphanie, mais sans le divin.

Cette exposition rassemble des œuvres d’artistes qui s’intéressent à la pérégrination urbaine. Il est souvent question d’une attention particulière aux œuvres, avec des manières différentes de les approcher : en les évitant, en regardant à travers, en les contemplant et en tournant autour. L’exposition commence déjà sur la rue, pour mener jusqu’au VIVARIUM, en passant par un couloir, puis le jardin, ces étapes obligatoires forcent les spectateur·rice·s à rencontrer les œuvres dans un ordre précis, suivant un scénario. Les œuvres témoignent d’un environnement urbain complexe souvent détourné, interrogeant ses limites avec le domestique. En s’enfonçant à l’intérieur d’un intérieur, nous traversons, sur une courte distance, des espaces socio-économiques différents.

Commissariat: Romane Beau